LE SITE NON OFFICIEL DE MATIOSZEK

"Où est-il votre phénomène ?"

La campagne de lancement de MATIOSZEK de l'été 1976,
vue par Philippe Bouvard
(Article d'époque)

Pour l'été 1976, le producteur Simon Waintrob décide de lancer son nouveau poulain Thierry Matioszek, à coup d'affiches 4 x 3 mètres par centaines, d'affiches "sauvages" par milliers, de pub radio toutes les heures sur  les radios périphériques (la FM n'existait pas). Dans "France Soir" en Septembre 1976, avec son style "Bouvard pur jus", le chroniqueur retranscrit avec humour le regard du Français moyen (de l'époque) sur cette énorme campagne publicitaire... qui fut un échec.

Ci-dessous l'article dans son intégralité, les "(sic)" sont de l'auteur...
Bientôt sur ce site, la reproduction du dossier de presse de Simon Waintrob...


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Lancé cet été comme une lessive,
Matiosek n'est toujours pas dans le bain

Le producteur Simon Wajntrob a réussi au-delà de tous ses espoirs : en lançant cet été, Matiosek comme un déodorant ou comme une lessive, il souhaitait intriguer ses contemporains. Il est comblé. Les moins futés se demandent aujourd'hui pourquoi un commerçant aussi avisé a dépensé deux cent dix millions d'anciens francs. (305 000 € environs, note du webmaster)

Certes, le nom de Matiosek vous est peut-être moins inconnu qu'au mois de juin. Bien sûr, vous n'avez pas dû échapper à ces affiches qui représentaient la future vedette (sic), le front blafard, la pommette violine et le feu pétillant du regard pudiquement dissimulé derrière une énorme paire de lunettes noires. Mais de là à savoir qui est Matiosek et ce qu'il veut vous vendre il y a un grand pas que vous n'avez sans doute pas franchi.

Simon Wajntrob n'est pourtant pas un enfant de chœur égaré dans les chapelles du marketing. Cet ancien vendeur des "montres molles" de Salvador Dali se targue d'avoir découvert Mike Brant et d'être le producteur préféré de Jacques Martin. L'opération Matiosek est - chronologiquement - sa dernière trouvaille.

Pour ne pas mourir idiot, je suis allé, hier, aux renseignements. Un bureau au deuxième étage (sans ascenseur), rue de Miromesnil. Et pour m'attendre l'équipe des Pygmalion de Matiosek. A l'exception de Simon Wajntrob absent pour cause d'accident (il a été brûlé avant-hier dans un restaurant toulonnais par l'explosion d'un réchaud à alcool sur lequel on se proposait de lui préparer une omelette norvégienne), Il est donc remplacé par son adjointe, une dame blonde qui a le bras gauche entièrement plâtré (le lancement du disque est décidément un sport plus dangereux qu'on ne croit !). A côte d'elle, un moustachu avec une grosse croix d'or autour du cou, une secrétaire myope et un petit brun en chaussures de basket dont je ne sais pas le nom. On évoque la pluie. On parle du beau temps. Et puis, incapable de dissimuler mon impatience il y a au moins deux heures que je rêve de rencontrer le célèbre et inconnu Matiosek dont le visage draculesque a gâché une partie de mes dernières vacances.

- j'agresse le moustachu : - où est-il votre phénomène ?

Mes interlocuteurs toussent d'un air gêné. Matiosek est dans la pièce depuis un quart d'heure et je ne m'en suis pas aperçu. C'est le petit brun aux chaussures de basket. Apparemment, aucune ressemblance avec les affiches que Simon Wajntrop lui a offertes à grands frais. Il n'a pas - au moins physiquement - une grosse tête. Petit, falot, pâle, il ressembIe autant à une star que votre serviteur au patriarche Athénagoras. Au naturel il est plus frais, plus frêle et plus sympathique qu'en effigie. Tout au plus porte-t-il des lunettes en raison d'une myopie qui ne lui a pas permis de se rendre compte tout de suite dés intentions machiavéliques de Wajntrob :

- Au départ, son projet me semblait bon. Maintenant il me gêne et je suis inquiet.

Wajntrob qui possède aussi une écurie de courses n'a pas voulu traiter Matiosek comme ses autres poulains. S'inspirant de techniques qui ont fait leurs preuves pour lancer des produits, il est vrai très différents du microsillon, il a investi deux cent trente millions d'A.F. afin de faire connaître cet ancien musicien classique, aujourd'hui reconverti dans la chanson.

En novembre dernier Matiosek signe son contrat et entre en loge. Wajntrob commence à lui verser une mensualité qui lui permet de vivre sans souci avec la dame de ses pensées. Il écrit musique et paroles. Il orchestre. Il "arrange", il engage des musiciens. Il enregistre. En mai, le disque est prêt. Le mois suivant Wajntrob passe à l'attaque : deux panneaux de quatre mètres sur trois au Rond Point des Champs-Elysées pour populariser, croit-il, les traits de la future idole. Dix mille affiches - sauvages celles-là - le mois suivant tout au long de la nationale sept et sur la Côte d'Azur. Dans la foulée le producteur s'offre la "Une" de " France Soir - (les deux -oreilles" et le " rez-de-chaussée - !"), des pages entières dans la presse de province et quelques milliers de sacs en plastique à l'intention des disquaires. Enfin, faisant preuve d'une générosité inaccoutumée dans le petit monde du show-business ", il achète de ses deniers aux postes périphériques l'espace sonore qui accueillera les chefs-d'œuvres de sa créature, même si les programmateurs, de ces stations ne les apprécient pas.

Je pose une question idiote qui a l'air de consterner tout le monde :

- Et que reflète aujourd'hui le miroir aux alouettes ? Combien a-t-on vendu des dix mille disques qui constituaient le premier tirage ?

Réponses embarrassées :
Il est encore trop tôt pour savoir si c'est un succès. (1)

Rien n'a vraiment marché cet été !

- Il y a quand même des gens qui se sont intéressés à Matiosek ?

Et le moustachu, dont ont la réserve d'enthousiasme n'est pas complètement épuisée, renchérit ;

- Vous savez ce qu'il fait n'est pas mauvais du tout !

Le plan Wajntrob a été suivi point par point. Pour garder tout son mystère Matiosek a refusé toutes les interviews qu'on lui proposait. Il est radiophoniquement et télégéniquement aussi vierge qu'un nouveau-né. Comme on le lui demandait, il s'est bien gardé de montrer sa tête au peuple. Il savait qu'on allait lui consacrer le même budget qu'a une marque de lessive et employer les mêmes techniques. Il a joué le jeu. Hélas! Le public n'a rien compris et les programmateurs, furieux d'avoir été "doublés" par les publicitaires, se sont assis sur la belle pochette de Matiosek. Résultat : on a beaucoup moins entendu le nouveau chanteur que ses concurrents qui n'avaient ni budget, ni manager: Que peut-il faire maintenant ? Tenter sa chance sur une scène ? Mais pourquoi les mélomanes viendraient-ils entendre quelqu'un dont ils ne connaissent que les lunettes? Vendre vraiment de la lessive ? Horreur ? Recommencer les séances d'enregistrement comme musicien au côté d'artistes qui, eux, ont réussi ? En tout cas, Matiosek (C'est son vrai nom. On s'est juste contenté de lui enlever un " Z ") n'envisage pas de changer de métier :

- J'arrêterai peut-être de chanter mais je continuerai à faire de la musique jusqu'à mon dernier souffle.

Reste - il a obtenu un prix au Conservatoire - le classique. Pas du tout une solution de facilité :

- C'est encore pire que les variétés ! Au départ il faut tout payer soi-même. Les affiches et la location des salles.

Avec M. Wajntrob au moins on n'a pas besoin de fortune personnelle. Deux cent trente millions d'Anciens Francs, trente-trois tours et puis s'en va. D'ailleurs Wajntrob qui voit loin, l'avait prévu dès le départ :

- Cette opération ne peut pas être rentable !

Comme prophète, il doit être ravi. Comme commerçant, il aurait peut-être aimé se tromper.

Je souhaite que Matiosek qui est gentil, sympathique et qui, au dire des connaisseurs, est bourré de talent, ne rejoigne pas la longue cohorte des retraités de vingt-cinq ans, des aigris irrécupérables et des inadaptés sociaux que les usines spécialisées fabriquent encore plus régulièrement que les quarante-cinq tours. Pourquoi ne pas lui avoir donné directement le dixième du budget publicitaire qu'on lui a consacré ? Il aurait pu écrire tranquillement un opéra...

(1) Moi je sais ; neuf disques vendus en dix semaines au " Lido-Music", principal tremplin Parisien.

Philippe Bouvard

 

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